mercredi 28 avril 2010

La Méhaigne, rivière ou égout ?

Constat de l’état d’une rivière


Durant mon enfance, j’ai connu la Méhaigne bordées de touffes de roseaux, l’eau était cristalline, les poissons y pullulaient malgré le déversement saisonnier des eaux de la sucrerie d’Ambresin. A l’ombre des peupliers géants nous allions pêcher avec une branche de saule et une aiguille retournée. Un gros ver de terre ou un casset (vers à bois vivant entre les pierres de l’eau de la rivière) et nous attrapions du poisson. Depuis cette époque bénie, des milliers de maisons sont venues s’ajouter aux maisons et fermettes existantes. Bien sûr, ces maisons son pourvues de fosses septiques et de dégraisseurs mais ces appareillages, bien que dégradant les matières organiques des eaux usées ménagères, sont incapables d’en extraire les matières solubles : sels, acides, détergents,... Si bien que ces solvants se retrouvent entièrement dans les eaux évacuées par les drains et finalement dans la rivière. Si on y ajoute les engrais et les pesticides qui ont atteint la nappe phréatique et qui ressortent par les sources, si on y ajoute les déversements illégaux de produits chimiques (Restes de peinture, de pétrole, de pesticides, maisons tout à l’égout,…) on comprend la dégradation que cette rivière à subit : Les roseaux réintroduits disparaissent après un ou deux ans, l’eau a une couleur bleu-gris, les algues prolifèrent, les poissons ne s’y reproduisent plus et la pêche à la ligne y est seulement possible grâce au déversement de poissons d’élevage par les sociétés de pêche locales. Ces poissons nourrit quotidiennement en bassin d’élevage se retrouvent du jour au lendemain dans ce milieu quasiment stérile. Pas étonnant dès lors qu’ils sautent sur le premier ver pendu au bout d’un fil ! Mais dites-le moi, vous les mangeriez-vous ces poissons ayant séjournés dix ou quinze jours dans cette eaux ?

Que font les pouvoirs publics des villages concernés le long de la rivière ?

Il y a bien quelques initiatives positives prises à gauche et à droite pour aménager les berges : Plantation d’aulnes et de saules vanniers,… par la Région Wallonne, reforestation ou aménagement de quelques berges par des particuliers. Mais à part ça ! Rien ! Oh ! Il y a bien quelques beaux projets qu’on nous fait miroiter surtout avant les élections. Mais moi vous voyez, je suis comme Saint Thomas, je dois voir et toucher d’abord!!! En réalité, la Méhaigne est traitée comme un égout. Un exemple flagrant se trouve dans le sentier de la solive entre Moxhe et Avin. Ce sentier pittoresque décrit avec amour il y a quelques années dans l’Aronde par Madame Julia Vanesse, est annuellement aspergé d’un désherbant total. On se croirait au Vietnam durant la guerre où les américains déversaient leur défoliant orange sur les forêts et les populations locales. Rien ne subsiste, à part le désherbant qui se retrouve dans la rivière à la première pluie venue! Un homme de bonne volonté qui avait planté deux branches de saules le long du sentier, branches qui avaient bien repris, les a retrouvé couleur jaune paille ! Afin d’amener plus rapidement les eaux usées vers la rivière, chaque commune s’est empressée d’installer les égouts descendants vers celle-ci (Ne faut-il pas soigner les électeurs !!!). A cela, ajoutons les particuliers riverains qui jettent l’herbe de tonte dans la rivière et ceux qui aspergent les orties jusqu’au bord de la rivière et font de ce fait s’effondrer les rives et on comprendra le bilan peu encourageant de cette rivière.

Ce laxisme coupable est illustré à merveille par ce proverbe québécois : Ils ont la face poudrée et le cul beurré !!!

Il y a quelques années, des citoyens des deux bords avaient mis deux barques à l’eau et ils faisaient découvrir les beautés de cette rivière aux occupants. Les gens étaient ravis et pour la plupart ils la découvraient pour la première fois de l’intérieur. Figurez-vous que l’affaire alla jusqu’aux oreilles du ministre de l’époque : C’est une rivière non navigable et non flottable nous dirent-ils. On va détruire les jacinthes d’eau (Il n’y eu jamais de jacinthes d’eau dans la Méhaigne).On va effrayer les poissons,… !!! Une lettre intimant l’ordre de mettre fin à cette activité leur fut adressée. Ainsi la rivière retomba dans l’oubli. Il faut cacher ça voyons !

Y a-t-il des solutions pour rendre à la rivière sa splendeur d’antan ? Il y en a une, elle est la seule valable : Empêcher les eaux usées de l’atteindre en plaçant un collecteur le long de celle-ci, collecteur qui aboutirait à une usine d’épuration. J’entends déjà les hauts cris ! Ca va costoï bin trop tchir !!! Mais avons-nous le choix ? La Région Wallonne qui s’est trainé les pieds trop longtemps vis-à-vis des normes européennes se retrouve aujourd’hui face à des procédures de contentieux lancées par la commission Européenne pour en autre l’insalubrité de ses rivières. Suite à ces procédures, celle-ci s’est engagée à lancer un programme d’investissement en collecteur et usine d’épuration de 30 millions d’euros pour l’épuration des zones rurales. Espérons que ça ne sera pas un autre poisson d’avril ! Quoiqu’il en soi, c’est le moment pour toutes les communes du bassin de la Méhaigne de taper sur le clou et le faire savoir au ministre Benoît Lutgen notre détermination à sauver notre rivière. Nous avons une belle rivière, faisons savoir qui la pollue et retroussons nos manches ! Nous n’avons quand-même pas bâtit notre maison à côté d’un égout !

Je vous demande maintenant de faire l’effort de penser aux générations futures. Après leur avoir laissé en héritage une dette astronomique, des pollutions en tout genre, un climat plus qu’incertain, quel regard porteront-ils sur notre génération ? Bien ! Il se pourrait que, promenant vos arrière-petits-enfants le long de cette rivière régénérée par vos soins, ils se disent : Quand-même, malgré leur laxisme, ils n’étaient pas si mal que ça nos arrière-grands-parents !

Le 8 avril 2010

Jules Mazy

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour,
J'arrive à Ambresin, la Méhaigne coule dans mon jardin, et je suis bien d'accord avec vous! C'est tellement dommage de ne rien faire... Moi je suis partant, s'il le faut... Rue de la Sucrerie à Ambresin!